Ce que j’attends du Gouvernement SAMA LUKONDE face à la crise humanitaire provoquée par les éruptions volcaniques et les tremblements de terre à Goma, c’est, avec un peu d’audace, de témérité, d’anticipation et de vision de loin :
- Remplir les avions qui amènent les officiels, venant de Kinshasa pour l’Est, de médicaments de première nécessité, de bouteilles d’eau, de biscuits protéiques, de boissons sucrées, de pains, masques et cache-nets pour se protéger contre les gaz toxiques et la COVID-19. Rien que leurs frais de missions peuvent bien suffire pour ça.
- Réquisitionner des véhicules et bateaux pouvant servir au transport des populations sinistrées et de matériels de secours vers Bukavu, Sake, Minova, Rutshuru, Ituri, Kisangani.
- Réquisitionner des médecins, infirmiers et étudiants des dernières années de Médecine et des instituts de sciences techniques médicales et les envoyer sur les sites désignés pour abriter les populations évacuées.
- Envoyer quelqu’un en Chine acheter le robot qui construit les hôpitaux et maisons en temps record ; sinon, l’échanger contre quelques tonnes de cuivre et de cobalt à n’importe quel prix et l’envoyer dans les villes qui vont bientôt connaître des problèmes d’habitation et d’infrastructure pour les services de base.
- Organiser immédiatement l’enseignement primaire, secondaire et professionnel sur les nouveaux sites et occuper les enfants, afin de ne pas les exposer à l’oisiveté, au vagabondage, au banditisme et au recrutement des inciviques.
- Récupérer immédiatement les maisons préfabriquées abandonnées dans divers ports à la suite des marchés litigieux des 100 jours et les installer à Sake, Minova, Rutshuru, Bukavu pour les habitations et les bureaux des services publics indispensables (dispensaires, tribunaux, polices, bureaux d’enregistrement des populations, ANR…).
- Déployer les éléments de génie militaire sur les sites d’accueil pour la conception et la réalisation des travaux de construction des routes, ponts, casernes des militaires, centres médicaux…
- Augmenter les effectifs des magistrats militaires au Nord Kivu, durant cette période de l’état de siège pour juguler l’accroissement de délinquance que provoque la situation actuelle dans les zones d’accueil et même à Goma avec les pillages.
- Autoriser les juridictions civiles de poursuivre leur fonctionnement normal en état de siège pour les affaires civiles, afin de permettre à la justice de régler de nombreux conflits latents et qui naissent avec l’installation d’une grande population en des endroits nouveaux. Sinon, la justice privée va prendre son règne par absence de la justice organisée d’Etat.
- Recruter en masse, surtout parmi les sinistrés ou déplacés, dans le génie militaire et de la Police, afin que, après une courte formation militaire, ces services de l’armée s’occupent de la construction et de la gestion momentanée des infrastructures dans les zones d’insécurité et à haut risque.
- Utiliser les étudiants évacués dans des taches d’organisation des activités diverses en fonction de leurs compétences (enseignement, urbanisation, construction…) en attendant leur orientation dans d’autres universités.
- Créer une brigade humanitaire et sanitaire constituée de volontaires, des éléments de la croix rouge, d’environnementalistes, de scouts pour faire face à des besoins de secours urgents, de gestion de l’environnement et de prévention des maladies à Goma, sur la route prise par les piétons et sur les sites d’accueil.
- Adopter l’idée proposée par Madame Marie-Josée IFOKU de créer des zones économiques spéciales dans certains milieux de l’Est, avec des facilités fiscales et administratives plus attrayants, en vue d’attirer des investisseurs, de créer des emplois, protéger les richesses naturelles et créer des entreprises de transformations des matières premières. Il faudra anticiper avec un tel plan à Sake, Minova, Bukavu, Rutshuru, Beni.
- Ordonner aux entreprises publiques des secteurs des mines, de l’agriculture, du transport et de transformation manufacturière d’étendre immédiatement leurs activités vers les zones d’accueil des populations venant de Goma.
- Subventionner ou financer les entreprises de production qui peuvent fournir tout bien nécessaire à utiliser dans la prise en charge des populations sinistrées de l’Est. Les cimenteries, les fonderies, crieries, les minoteries, les usines pharmaceutiques, les sucreries…devront être soutenues.
- Déclarer GOMA zone sinistrée et l’évacuer totalement mais progressivement et en faire une zone touristique, n’y laissant que les travailleurs du ministère de la recherche scientifique pour continuer l’observation des volcans, du ministère de l’environnement, des gardiens des parcs et de la future usine de dégazage, ainsi que des services de sécurité en fonction de la gestion des problèmes avec le Rwanda.
- Sanctionner sévèrement toute personne qui profite de la situation pour augmenter le prix d’un produit, pour rançonner les déplacés, pour monnayer un service public, pour aggraver la souffrance de la population.
- Décider des plans d’aménagement des villes et territoires occupés par les populations évacuées, afin d’éviter des constructions anarchiques et à des endroits inappropriés, tout en prévoyant les différentes dispositions nécessaires pour la sécurité, la santé, l’éducation, le loisir et autres.
- Initier des études de recherche sur les volcans, les larves et tout ce qu’ils dégagent pour trouver des solutions sur le meilleur et adapté aménagement des territoires volcaniques et pour les éventuels minerais à soutirer des larves volcaniques.
- Lancer un communiqué demandant à tous ceux qui ont volé l’argent et biens de l’Etat ou se sont enrichis au détriment de l’Etat de les restituer endéans 14 jours, pour financer à fond propre la construction de nouvelles villes à l’Est et faire face à la crise humanitaire en cours. La restitution volontaire et spontanée pèsera dans l’appréciation du cas. Au terme de ce délai, les voleurs et faux riches devront être sérieusement traqués, quel que soit le niveau d’immunités et le lieu de refuge de leur fortune mal acquise. Les poursuivre même pour non-assistance à personnes en danger.
J’y crois. Les seules bénédictions à rechercher, après celles de la nature, c’est l’amour de notre pays, le don de soi, l’unité nationale, la cohésion nationale face à des défis majeurs, la solidarité nationale et le respect du bien commun.
Kinshasa, le 30 mai 2021
Ghislain Bamuangayi